Les chants à ramer


CHANTS DE MARINS - 4/17 - Les chants à ramer


Jusqu'à une époque récente qui a vu la miniaturisation et la multiplication des moteurs (diesel, essence, et même électrique), la rame était le seul moyen de propulsion d'une embarcation, en dehors de la voile.

Les avirons servaient à de multiples occasions : pour chasser la baleine ou pour pêcher (doris), pour ralier les grands voiliers en rade, ou pour remonter les rivières. On les utilisait même, par manque de vent, sur les petits voiliers au large des côtes.

Quand l'effort était dur à cause d'un vent contraire, ou à l'inverse quand il fallait rentrer au port alors que le vent était tombé, on chantait des chants spécifiques dits chants à ramer ou chants à nager. Sur les grosses embarcations, les rameurs étaient plusieurs, et même parfois 2 ou 3 par aviron. Le chant servait alors à bien coordonner le mouvement de chacun et à soutenir la cadence.

Ces chants perdurèrent longtemps auprès des pécheurs des côtes, en particulier chez les pinassiers du bassin d'Arcachon, qui devaient parfois ramer pendant plusieurs heures à chaque marée :

Capitaine Hayet, revue Musica n°17, 1955, cité par Le Chasse Marée :
« Les derniers pécheurs qui chantèrent en nageant furent ceux du bassin d'Arcachon. C'était assurément les plus endurants rameurs de nos côtes car leurs embarcations, les longues et élégantes pinasses dépourvues de quille, n'étaient pas faites pour aller à la voile au plus près du vent [...]. Bien souvent, j'ai entendu - j'étais jeune encore - ces chants de la lassitude se répondant d'une pinasse à l'autre dans la brume et la nuit sans lune ».

Peu de ces chants à ramer spécifiques ont été conservés, n'ayant pas été collectés à temps par les folkloristes. On sait seulement que sur les baleiniers et les grands courriers, on utilisait souvent des chants de bord dont le rythme était adapté à la nage, par exemple Les trois marins de Groix.

On a néanmoins recueilli récemment en Bretagne et en Normandie quelques chants à ramer. C'était à l'origine des chants à virer transformer, ou des chants spécifiques, comme Hourra les filles à cinq deniers, ou Mon père a fait bâtir maison.